Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé d’un coup de coeur. Mon dernier en date est pour un roman de SF ados/adultes. Il s’agit de l’excellent Le naufrage du Titan C de Philippe Aurèle Leroux et Sébastien Louis.

Je vous propose de découvrir ma chronique, suivie d’une interview de l’un des auteurs, Philippe Aurèle Leroux.

Résumé :

En 2412, la Terre est menacée par un astéroïde géant, l’Humanité n’a d’autre recours que l’exode. Les jumeaux Juliet et Kelvin Jayro, ainsi que de nombreuses personnalités, tel Krys Kart, le célèbre fightballeur, s’apprêtent à embarquer sur le centième vaisseau Titan pour un voyage sans retour vers Proxima du Centaure. Dans les entrailles du vaisseau, Mertyn, jeune passager clandestin, tente d’échapper à la vigilance du quartier-maître Brett en se cachant parmi les animaux dont la belle Arja et son père sont responsables. Sur la passerelle, le radio Redjy et le prodige de l’astrogation Dan sont les témoins de la tension qui règne entre le capitaine et sa second. L’intelligence, l’héroïsme et la bravoure des uns suffiront-ils à compenser l’attitude irresponsable des autres ? Le Titan C atteindra-t-il Proxima du Centaure ?

J’ai eu un coup de coeur pour ce roman ados finement mené, avec lequel les auteurs réussissent un tour de force : créer une intrigue SF prenante et haletante, tout en suivant en parallèle l’histoire du film Titanic. Il le font suffisamment bien pour que ceux des lecteurs qui n’ont pas vu le film trouvent quand même largement leur compte. Pour les accros de Kate Winslet et Léo, c’est un second niveau de lecture, où l’on s’amuse à retrouver des scènes du film, qui viennent se superposer dans l’esprit avec celles du livre. Sans que cela ne nuise à la lecture du roman.

Dès le titre, le suspense est levé : le vaisseau spatial va se crasher. Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Les pages défilent et le coeur bat plus vite à l’idée que le naufrage approche. Philippe Aurèle Leroux et Sébastien Louis orchestrent à la perfection le ballet des personnages peuplant cette arche de Noé spatiale. De l’ado amoureux un peu timoré au clandestin perdu par la technologie, en passant par les luttes intestines de l’équipage, la toile se tisse, les évènements se mettent en place, inexorablement.

À la fois hommage subtil à Titanic, satire sociale grinçante (car là aussi les privilèges de classe ne font pas forcément ressortir le meilleur côté des gens), roman d’aventure rythmé, récit catastrophe, initiation au genre du space-opera, Le naufrage du Titan C est une réussite incontestable.

Les personnages vont tous grandir, changer, évoluer, pendant ces quelques heures de drame (sauf quelques irréductibles affreux). Les plus jeunes vont être projetés dans l’âge adulte d’une façon violente et désespérée, loin de leurs préoccupations très juvéniles d’amourettes et d’opposition aux figures d’autorité. Les auteurs n’hésitent pas à faire fi du principe de happy end pour tous. Un conseil : ne vous attachez pas trop !

Ados comme adultes ne peuvent qu’apprécier ce naufrage. Alors, rendez-vous en salle d’embarquement !

Et maintenant, place à Philippe !

1/ Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Philippe «  Aurèle » Leroux, échappé des pages d’un livre depuis plus de cinquante ans et auteur depuis près de dix ans. J’aime vivre en région parisienne (si si, sans en tirer une quelconque vanité), entouré de ma famille et de mes amis. Mes récits vous proposent de vous faire voyager vers des ailleurs toujours différents, auprès d’âmes pures ou torturées, confrontées à de grands périls.

J’ai remporté le prix Mille Saisons en 2016 pour ma nouvelle « Atrium Miraculorum », qui m’a permis de publier – à compte d’éditeur – mon premier roman, L’empire des chimères chez Le Grimoire.

C’est une autre nouvelle, « Une nouvelle à l’ancienne », publiée au sein de l’anthologie L’école du futur, qui m’a permis de rencontrer Florence Gindre, la directrice de Marathon éditions. C’est grâce à cette première rencontre que les manuscrits de mes deuxième et troisième romans – Le naufrage du Titan C et Skinwalker – ont reçu un accueil bienveillant (ce qui ne leur garantissait en aucun cas d’être retenus).

J’ai également publié un recueil de mes propres nouvelles – Tempora Heroica – des textes à chute qui donnent un aperçu de mes futurs projets de roman. C’est ainsi que l’on peut retrouver des nouvelles dans ce recueil qui donnent un avant-goût des univers du Naufrage du Titan C et de Skinwalker (sans rien révéler de ces romans).

J’ai enfin autopublié trois ouvrages collectifs : Absinthe n’y touche (pour fêter le premier anniversaire de Noir d’Absinthe, une maison d’édition dont j’ai fait partie du comité de lecture), Maudits mots lus (pour servir de support à l’association CLÉ – Compter, Lire, Écrire – dans sa lutte contre l’illettrisme) et Rencontres (pour célébrer les belles rencontres humaines que j’ai faites à l’occasion de salons ou de forums littéraires, ou encore de mon atelier d’écriture, La plume en Frêne).

2/ Tes livres sont estampillés « ados », envisages-tu un jour d’écrire pour les plus jeunes ou seulement pour les adultes ?

Si Le naufrage du Titan C est effectivement un roman de science-fiction catastrophe orienté Young Adult (il peut se lire dès 11 ans), L’empire des chimères s’avère être un roman antique-fantastique à destination des grands ados et des adultes seulement, en raison de scènes crues et réalistes qui mettent notamment en scène des combats de gladiateurs et la sexualité sous l’empire romain. Skinwalker est un roman fantastique contemporain – empreint des croyances et légendes des premières nations américaines – qui peut être lu par toutes et tous dès 13 ou 14 ans, mais qui ne s’adresse pas particulièrement aux ados. Je n’envisage pas à courte échéance de m’adresser à un public plus jeune, parce que mes projets d’écriture ne s’y prêtent pas pour l’instant (j’en ai bien un en stock, mais il ne fait pas partie de mes priorités du moment).

3/ As-tu un rituel d’écriture, un moment privilégié pour écrire ?

Comme beaucoup d’autrices et d’auteurs, j’occupe un emploi alimentaire à côté de mon activité littéraire. Étant un oiseau de nuit, c’est entre 21h et 1 ou 2 heures du matin (voire plus en cas de fièvre créatrice) que je libère le plus volontiers ma plume. Je ne mets pas en œuvre de rituel à proprement parler, mais je m’isole volontiers en écoutant de la musique en fond sonore avec un casque à réduction de bruit. Le choix de la musique dépend des scènes que j’écris.

4/ Si tu devais choisir entre écrire des romans et écrire des nouvelles, que choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Comme je l’ai présenté plus haut, je dois beaucoup aux nouvelles. J’ai pourtant fait le choix de me consacrer dorénavant à l’écriture de romans. Ils me permettent d’aller beaucoup plus en profondeur dans la psychologie de mes personnages et dans leur caractérisation, ainsi que dans l’intrigue. Ce qui n’enlève rien pour autant à mon plaisir d’écrire et de lire de temps à autre des nouvelles.

5/ Quel est l’adjectif qui te définit le mieux selon toi ? Et selon tes proches ?

Je suis très attaché au réalisme, que ce soit dans ma vie de tous les jours ou dans les romans que j’écris ou que je lis. La magie, le surnaturel ou la science de demain ne doivent pas être le prétexte à n’importe quoi, en fonction de ce qui arrange l’auteur ou l’autrice. Du côté de mes proches, c’est souvent ma gentillesse qui ressort, dans le sens où je suis toujours prêt à rendre service et où j’entretiens avec constance mon cercle d’amis.

6/ Si tu ne devais plus lire qu’un seul livre jusqu’à la fin de tes jours, lequel choisirais-tu ?

Ce serait un choix cruel – vraiment très cruel – mais je dois reconnaître que Marée stellaire de David Brin est en quelque sorte ma madeleine de Proust : il s’agit d’une science-fiction humaniste et animalière qui me transporte à chaque fois que je la relis. Le tome introductif du cycle « La ballade de Pern » d’Anne McCaffrey tient la corde, pour les mêmes raisons.

7/ Quelle est ta définition d’un dimanche parfait ?

Une matinée en famille – quelle que soit l’activité – suivi d’un midi et d’un après-midi entre ami-e-s autour d’un verre (ou plusieurs) et d’un bon repas, à refaire le monde et à jouer (jeux de société, de rôles ou de plein air) et une soirée à lire ou à écrire.

8/ Lequel de tes personnages, tous livres confondus, aurait le plus de chances de survivre à une apocalypse zombie ? Pourquoi ?

Sans doute Decimus, l’un des protagonistes de L’empire des chimères, pour ses compétences martiales, sa capacité à diriger des troupes… et à les sacrifier si le besoin s’en fait sentir (en dernier ressort toutefois). Krys Kart, l’ancien fightballeur du Naufrage du Titan C, serait également un bon candidat, grâce à ses améliorations cybernétiques et sa capacité à œuvrer en équipe. Si ce n’est pas assez clair dans mes propos, la cohésion du groupe est à mon avis clé en cas d’apocalypse zombie.

9/ Dernière question (la question piège qui peut t’attirer des millions d’ennemis) : pain au chocolat ou chocolatine ?

Le pain chocolatine, sans hésiter !

10/ Le mot de la fin ?

Découvrir une nouvelle plume revient toujours à une prise de risque. Même si je m’efforce d’inventer les meilleures histoires possibles, je sais qu’elles ne plairont pas à tout le monde. Aussi je voudrais remercier très sincèrement toutes les lectrices et tous les lecteurs qui relèvent le défi d’acheter les ouvrages des soldates et soldats inconnu-e-s de la littérature.

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