La fin de l’année constitue toujours un évènement joyeux pour le groupe scolaire Pierre Perret. Les journées rallongent,
deviennent plus douces, il fait beau. La fête de l’école se prépare.
Il y a des traditions pour cette fête. La chorale des élèves de maternelle chante toutes les comptines apprises pendant l’année, devant les parents attendris. Myrtille se souvient qu’une année sa maman avait fait éclater de rire toute l’assemblée en se mouchant très fort d’émotion, pile pendant un moment de silence.
Ensuite, c’est au tour de ceux de l’élémentaire de réciter des poèmes et d’exposer leurs œuvres d’arts plastiques. Barnabé espère très fort que le public ne se moquera pas de son dinosaure en fil de fer. Il y a mis tout son cœur.
Cette année encore, tout le monde a hâte !
Mais voilà qu’en cette journée de début juin, monsieur Cailler, le directeur, convoque toute l’école dans la cour juste avant la récréation. Même les maternelles ! Du jamais vu. Les enfants bavardent en se demandant pour quelle raison on
les a réunis. Monsieur Cailler frappe des mains avec impatience pour obtenir le calme. Il a beau se montrer gentil la plupart du temps, tout le monde le craint. Ce n’est pas rien, un directeur ! Aussi le silence se fait-il bien vite.
— Comme vous le savez, il nous reste un mois avant les vacances d’été. Je me doute que vous attendez l’annonce de la date de notre fête d’école. Elle aura lieu le samedi 2 juillet de 10 h à 18 h.
Des murmures éclatent dans tous les recoins de la cour. Myrtille regarde Barnabé, et Barnabé regarde Myrtille. D’habitude, la fête se tient un vendredi soir après la classe. Toute la journée ? C’est long, non ?
Barnabé sent une sueur froide lui couler dans le dos. Il n’a jamais été à l’aise pour parler en public. Réciter des poèmes devant tout le monde des heures durant, quel cauchemar !
— Tssst, siffle monsieur Cailler.
Cela suffit pour que les bouches se referment.
— Cette année, nous fêtons le vingtième anniversaire de la construction de l’école. Cela mérite un bel évènement. Nous en avons
longuement discuté avec la mairie, et une décision a été prise : toutes les classes vont participer à la préparation d’un spectacle. Il sera suivi d’une kermesse avec des stands de jeux.
La cour se remplit d’un vacarme soudain qui fait s’envoler les pigeons de la rue. Une kermesse ? Des jeux ? Un spectacle ? Les enfants n’arrivent pas y croire. Les plus jeunes sautillent dans tous les sens en poussant des cris de joie. Les plus grands se trouvent trop importants pour laisser leur plaisir éclater bruyamment. Malgré tout, un large sourire envahit leur visage. Même les CM2, c’est dire !
Monsieur Cailler reprend la parole d’une voix sévère.
— Je comprends votre contentement, mais il va falloir fournir un travail acharné et sérieux ! Le club des retraités de la ville nous aidera pour la confection des costumes et des décors, les professeurs de l’école de musique s’occuperont des morceaux à jouer. Demain matin, madame Miro, une ancienne actrice de théâtre, très célèbre, viendra présenter le spectacle. Elle a eu la gentillesse d’accepter de prendre en main tous les préparatifs, alors qu’elle est à la retraite. Elle est chargée des chorégraphies,
de la distribution des rôles et des textes. Je compte sur vous pour vous montrer polis, agréables et
coopératifs.
Le directeur remonte ses lunettes sur son nez et lance un regard terrifiant à tous les élèves. Il agite l’index pour conclure son discours :
— Je ne tolèrerai aucun manque de discipline, aucun débordement. C’est clair ? Sinon… vous connaitrez une punition exemplaire.
Les enfants hochent tous la tête avec vigueur. Après une nouvelle aussi géniale, ils se sentent prêts à promettre n’importe quoi !
Les élèves de maternelle retournent dans leur cour, et la récréation commence pour tout le monde. Personne ne joue au ballon ou à cachecache. Personne ne court ni ne s’amuse comme d’habitude. Les enfants forment des grappes un peu partout, ils sont assis en tailleur et discutent de ce qu’ils viennent d’apprendre.
— Moi, je veux incarner une pirate qui parcourt les océans à la recherche de trésors disparus, déclare Myrtille avec passion.
Barnabé, lui, se met d’accord avec Renaud : ils tiendront le rôle de Papa et Maman Ours. Soumia accepte de jouer Boucle d’Or. Peu importe si ses cheveux sont d’un noir très foncé ! C’est un détail de rien du tout.

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