J’ai lu d’une traite hier le dernier livre de Sophie Jomain, Quand la nuit devient jour, aux Editions Pygmalion. Je ne suis d’habitude pas très cliente de cet auteur, bien qu’elle ait une fort jolie plume. Ses thèmes habituels ne m’attirent pas forcément. Toutefois, à la sortie de ce livre, j’ai été intriguée, en raison de son sujet.
Camille, jeune femme frôlant la trentaine, est enfermée dans une profonde dépression depuis l’enfance. Elle demande, et obtient, une euthanasie volontaire assistée.
Il fallait un grand courage pour traiter d’un tel sujet, au risque de déstabiliser son lectorat habituel. J’ai aussitôt repensé à l’affaire de cette jeune Belge qui a défrayé la chronique il y a deux ans. Je me souviens d’avoir pensé à l’époque que de telles affaires nuisaient à la cause de l’euthanasie, qu’aucune dépression ne peut justifier un tel acte. Comme beaucoup de gens, j’ai parfois du mal à intégrer que le mal-être psychique puisse entraîner des souffrances physiques réelles.
C’est avec tous ces éléments en tête que j’ai attaqué ma lecture. Dans un style fin et simple, parfois violent, Sophie Jomain nous entraîne dans la spirale terrible qui engloutit Camille, elle nous guide pas à pas dans les labyrinthes de souffrance de la jeune femme. Les symptômes de Camille sont si bien rendus que sa douleur devient la nôtre, que la pensée d’aller acheter une simple paire de baskets devient aussi insurmontable que pour elle. Ce roman fait voler en éclat toutes les certitudes, tous les stéréotypes liés à la dépression. Je ne sais pas si l’auteur a vécu une expérience similaire ou si ses capacités d’empathie sont particulièrement exceptionnelles. Toujours est-il qu’une sincérité bouleversante ressort de chaque ligne, chaque page.
Certes, le personnage du médecin de Camille est assez convenu, parfois un peu caricatural même. Mais cela ne retire rien à la qualité de l’ensemble. On oublie de respirer à certains passages, le coeur s’emballe à d’autres, la souffrance de Camille devient la nôtre. Impossible de s’empêcher d’essayer de deviner la fin, qui s’avère imprévisible.
Un livre à lire, mais pas un jour de pluie, ou un soir de solitude. Après l’avoir reposé, le regard a changé sur cette maladie et sur ceux qui en souffrent. Et on n’a qu’une envie : sortir, regarder le ciel, écouter les oiseaux, sourire aux inconnus.
J’ai vu sur la page Facebook de l’auteur que le livre peine à trouver son public. C’est bien dommage, et totalement immérité. J’espère que ce billet vous aura donné envie de plonger dans l’univers de Camille, n’hésitez pas ! Même si le sujet est dur, ce roman vaut le détour. Ne serait-ce que pour confronter votre vision de l’euthanasie et du suicide avec une certaine réalité, et faire éclater certains tabous.
c’est une bonne chose que cette auteure ait traité ce sujet de la dépression et la pulsion irraisonnée de mort qu’elle suscite… la souffrance dans la dépression est insoutenable, à faire crier et crier seule devant les murs muets, seuls témoins du drame… j’ai vécu cela jusqu’au fond du gouffre qui entraîne irrémédiablement vers des actes insensés… je m’en suis sortie… quelle horreur que la dépression et peut importe de savoir ce qui l’a provoquée…
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