Sur les deux derniers numéros de l’Indé Panda, que j’ai lus attentivement, mes deux nouvelles préférées sont La dent et Le sourieur. Il se trouve que ces deux nouvelles ont été écrites par le même auteur, Valéry Bonneau.

Comme moi, Valéry Bonneau est à la fois édité et auto-édité. Ayant énormément apprécié sa plume, j’ai acheté son premier recueil de nouvelles Le goût de la vie (nouvelles noires pour se rire du désespoir)

Et je me suis régalée. Chacune des nouvelles contient tout un petit monde, bien construit, dans lequel on entre sans difficulté. Amateurs de romance mièvre et de contes sucrés, passez votre chemin ! Car, ici, vous ne trouverez pas votre bonheur. Bien au contraire. Les nouvelles de Valéry Bonneau sont une plongée dans l’absurde, dans l’arbitraire, dans la folie qui somnole en chacun de nous.

Vous allez rencontrer un écrivain qui n’écrit pas, des jumeaux particuliers, un homme laid, un couple en mal d’enfant, un type qui découvre les femmes sur le tard…

Autant de personnages assez ordinaires au départ, qu’un grain de sable va précipiter dans des situations inattendues. Avec des chutes qui pourraient donner envie d’aller se pendre, s’il n’y avait cet humour solide, omniprésent. Du second degré permanent qui adoucit le propos. Bien sûr, on rit souvent jaune, en grinçant un peu des dents. Bien sûr, ces histoires ont un fond bien glauque (pour ne pas dire déprimant).

Mais, ce que je retiens à l’issue de ma lecture, c’est que cet homme-là doit être profondément humaniste pour se rire aussi bien des travers de ses pairs. Qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas ?

Par un procédé d’écriture singulier (des questions qui se terminent souvent par un point), Valéry Bonneau transforme des peurs et des inquiétudes en certitudes tristement inchangeables.

Malgré quelques petites imperfections et coquilles ici et là, je ressors enchantée de cette lecture, et je me suis empressée d’acheter le Tome 2 des Nouvelles noires… (profitez-en, la version numérique de chaque tome est à 2 petits euros).

Je laisse la parole à Valéry Bonneau, vous allez voir, c’est une interview qui décape, à l’image de ses écrits.

1/ Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Un Serial écrivain qui adore faire souffrir ses personnages. J’écris pas mal de romans ou nouvelles noires mais aussi des essais sur la technologie : robots et objets connectés. Mais attention, des essais drôles comme le prochain « Les sous-hommes connectés » qui sort le 24 novembre

 

2/ Tes nouvelles sont toutes fortement sombres, est-ce une façon pour toi d’exorciser quelque chose ?

Très certainement. « Le goût de la haine », mon deuxième roman par exemple m’a surement permis de me débarrasser de deux-trois cadavres qui traînaient dans le placard.

Mais le truc c’est que ce que j’écris est toujours noir que je sois en forme ou pas, que j’aie la banane ou pas. Le début peut différer – La dent ou Putain de cafetière peuvent provoquer le fou rire – mais je finis toujours par injecter de la noirceur. Parfois sans limite comme dans « L’écrivain qui n’écrivait rien »

Après, écrire sur le bonheur, j’avoue ne pas comprendre l’intérêt 😊

 

3/ As-tu un rituel d’écriture, un moment privilégié pour écrire ?

J’écris tous les jours. Si je peux, je me lève entre quatre et cinq heures du matin pour écrire jusqu’à huit heures. Si je ne peux pas, genre un lendemain de soirée de sortie de roman et que je ne suis pas encore couché à quatre heures, je grappille trente minutes ici ou là pour au moins écrire un petit peu.

4/ Si tu devais choisir entre nouvelles et romans, lesquels choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Choix Cornélien. Comme ça je dirais nouvelles parce que le roman, c’est quand même bien chiant. Passer des mois avec les mêmes personnages, au bout d’un moment t’as l’impression d’avoir une deuxième famille. Avec pas que des prix Nobel. Comme en plus j’écris souvent des sales types, c’est un peu « mes vacances avec Adolf et Joseph ». Pour le coup, ça plombe un brin le moral.

Les nouvelles, c’est le feu d’artifice, la légèreté, la liberté et la variété. Entre les nouvelles noires ou les refaits divers, j’ai touché à plein de genres : historique, réaliste, humoristique, noir forcément mais aussi SF, anticipation, réaliste. Je n’aurais pas assez d’une vie pour faire la même chose avec des romans. Et selon mon humeur, j’écris des textes totalement différents.

Ceci étant, un roman terminé procure un sentiment sans commune mesure avec la fin d’un recueil de nouvelles.

 

5/ Quel est l’adjectif qui te définit le mieux selon toi ? Et selon tes proches ?

Selon mes potes, sur les derniers mois ce serait « Connard ». Et ça me va bien. Mais un connard curieux et j’ose espérer ouvert d’esprit.

 

6/ Si tu ne devais plus lire qu’un seul livre jusqu’à la fin de tes jours, lequel choisirais-tu ?

Très bonne question. Très bonne question très compliquée.  Trop compliquée. Cyrano peut-être. Ou Cent ans de solitude ou Les misérables ou 1275 âmes ou Les mois d’avril sont meurtriers. Un de ceux là en tous cas.

 

7/ Quelle est ta définition d’un dimanche parfait ?

Pas trop mal au casque.

Café.

Ecriture.

Je suis un peu un vampire et j’écris volets fermés.

C’est ça un dimanche parfait : c’est un dimanche où je vois pas le jour J

 

8/ Lequel de tes personnages, tous livres confondus, aurait le plus de chances de survivre à une apocalypse zombie ? Pourquoi ?

J’adore cette question. Lucia. L’héroïne de mon quatrième roman. A sortir en 2019. Pourquoi ? Je peux pas le dévoiler encore.

Dans les histoires déjà publiés, je dirais « Blédard », l’avocat de « Une tarte dans la gueule » mon premier roman parce qu’il est plein de ressources. Et qu’il parle tellement bien qu’il arriverait à convaincre les zombies de se mettre au yoga plutôt que de le bouffer.

 

9/ Dernière question (la question piège qui peut t’attirer des millions d’ennemis) : pain au chocolat ou chocolatine ?

Initialement, j’ai répondu et puis j’ai projeté le nombre d’exemplaires de livres qui ne seront pas vendus à cause de cette réponse ! C’est la mort des auteurs cette question.

Je dirais donc : pain à la chocolatine.

 

10/ Le mot de la fin ?

Un double mot de la fin si c’est possible : un big up à l’Indé Panda qui fait un travail vraiment génial et qui m’a permis par exemple de découvrir ta nouvelle « Un minimum d’humanité », bien noire aussi. Même s’ils ont eu le mauvais gout de refuser cette nouvelle chef d’oeuvresque qu’est « Déguisé en père Noel… » 😊

Et n’oubliez pas : le 24 novembre sort l’essai le plus drôle de l’année sur l’impact des objets connectés sur nos vies : « Les sous-hommes connectés ».

Merci pour ton interview !

(4 commentaires)

  1. Merci beaucoup Céline. Cette phrase va me faire l’année et peut-être plus :

    « Mais, ce que je retiens à l’issue de ma lecture, c’est que cet homme-là doit être profondément humaniste pour se rire aussi bien des travers de ses pairs.  »

    PS: pour les coquilles, j’ai changé ma méthode et je suis passé à Antidote et je relis beaucoup plus. Donc à partir du volume 2 c’est mieux et le 3 sera normalement nickel. Je vais surement uploader une version corrigée du volume 1 très bientôt.

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  2. pain à la chocolatine !! j’adore !! belle interview !
    bon je sens que ma pal va encore s’étoffer…. comme si je n’en avais pas assez à lire…. j’ai même du retard sur tes écrits
    belle soirée
    bisous de Maelle et moi

    Aimé par 1 personne

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