Alors, arrêtez tout ce que vous êtes en train de faire, et précipitez-vous ici  ou  pour acheter mon dernier coup de coeur, vous ne le regretterez pas ! Il s’agit de Le cri des hyènes de Véronique Chauvy, un roman historique comme je les aime.

Le résumé :

Printemps 1894. Une vague d’attentats anarchistes ébranle la France entière. Emma Chambert, une jeune artiste peintre, issue d’une famille de vignerons aisés de Clermont-Ferrand, voit d’un mauvais œil les théories idéalistes et libertaires de son frère Baptiste, étudiant en droit à Lyon. Son inquiétude se confirme avec l’arrivée à Clermont-Ferrand du nouveau commissaire. Le rigide et implacable Paul Vardes va vite avoir en ligne de mire les activités suspectes de Baptiste et surveiller ses allées et venues entre sa ville d’origine et Lyon où se prépare la venue du président Sadi Carnot à l’occasion de l’Exposition universelle. Pour atteindre le jeune homme, Vardes pourrait bien se rapprocher de sa sœur.

J’avoue que je ne maîtrise pas du tout cette période de notre histoire, hormis quelques repères connus de tous (l’assassinat de Sadi Carnot, l’affaire Dreyfus…). Véronique Chauvy lève le voile sur ces années de la fin du XIXe avec un roman enlevé, plein d’action. Elle campe également admirablement la vie de ces années-là, avec une verve incroyablement documentée. Au fil des pages, on croit presque entendre le sabot des chevaux claquer sur les pavés, le vent s’engouffrer dans les jupes des coquettes et les cris des marmots dans les champs.

Mais attention, il ne s’agit pas pour autant d’un roman « de terroir ». Le propos n’est pas d’évoquer l’enfance de Mémé Jacquotte. L’intrigue penche nettement plus vers le polar politique que vers la nostalgie champêtre. La reconstitution historique est rigoureuse et passionnante, les personnages sont dépeints avec soin et possèdent tous une profondeur de caractère qui les rend attachants. L’auteur a glissé un soupçon de romance dans ses pages, à dose suffisamment homéopathique pour ne pas faire basculer le livre dans le romantico-historico-gnangnan, ce dont je lui sais gré (ayant horreur de ça) ! Ici, le but est de partir des petites histoires individuelles pour évoquer l’Histoire. L’héroïne a juste ce qu’il faut d’esprit frondeur, sans devenir caricaturale (parce que les héroïnes pas crédibles pour leur époque, ça foisonne dans la littérature, et c’est franchement lassant).

La plume est fluide, le vocabulaire recherché et exigeant (sans être rébarbatif pour autant). Les phrases construisent peu à peu une ambiance délicieusement surannée, et évoquent des images parlantes à l’esprit du lecteur. Presque comme un film qui défile, un film ancien avec les bords de la pellicule qui craquellent agréablement. On ne voit pas le temps passer quand on est plongé dans le roman.

Quant à la signification du titre, eh bien, lisez le livre et vous comprendrez ! 😉

Son prochain livre sort au début 2018, autant vous dire que je suis sur les starting-blocks pour l’acheter !

chauvy

Place à Véronique, pour une interview pleine d’humour :

1/ Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

En quelques lignes ? Impossible avec moi. Des études de droit, quelques années (pas beaucoup) dans la fonction publique avant de me consacrer à du multitâche : cuisinière, couturière, comptable, organisatrice en événementiel, chauffeur de taxi, décoratrice d’intérieur, répétitrice scolaire… Bref : femme au foyer.

Et depuis 3/4 ans, en plus de répondre aux courriers administratifs et faire-part en tout genre, je me suis mise à écrire des romans.

 

2/ Ton livre est fortement ancré dans le paysage auvergnat, est-ce pour toi une façon de faire oublier que tu n’es pas bougnate, et éviter la lapidation en place de Jaude ?

Je ne crains pas ton supposé supplice. M’étant autoproclamée auvergnate d’adoption depuis un quart de siècle, je me sens du pays. Et, avec mes ascendances aveyronnaises, ardéchoises (et une pointe de Provence), je me sens tout de même très voisine, davantage que les Rhônalpins avec lesquels les bougnats fricotent d’ailleurs depuis peu.

3/ As-tu un rituel d’écriture, un moment privilégié pour écrire ?

Lorsque j’ai effectué mes activités multitâches (voir point 1), je me précipite sur mon ordinateur, sans qu’il y ait de moment particulier… Le rituel ? Je ne parlerai que du plaid sur les genoux. C’est mémérisant, mais bon…

 

4/ Si tu devais choisir entre l’Histoire et l’écriture, laquelle choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Jocker ! Je ne peux plus me passer d’écrire, ça c’est clair, mais pour l’instant je ne peux pas écrire sans me référer à une époque historique déterminée, c’est-à-dire sans me plonger dans des livres d’Histoire. Écrire sans l’Histoire ? Du contemporain ? Pour l’instant non, mais il ne faut jamais dire : Fontaine…

 

5/ Quel est l’adjectif qui te définit le mieux selon toi ? Et selon tes proches ?

Pénible. Pénible car je suis trop stressée et fais une montagne de tout. Pénible parce que je reviens sur ce qui est décidé. Pénible parce que je digresse énormément quand je raconte quelque chose.

Les proches ? Gentille (mais pénible).

 

6/ Si tu ne devais plus lire qu’un seul livre jusqu’à la fin de tes jours, lequel choisirais-tu ?

Un Zola, c’est sûr, parce que je peux lire et relire sans me lasser, et savourer les mots et les phrases comme s’il s’agissait de la première fois. Au Bonheur des Dames, parce que c’est, comment dire ? Le plus « optimiste » ? Et puis, univers féminin des grands magasins, et une héroïne indépendante de vie et de pensées…

 

7/ Quelle est ta définition d’un dimanche parfait ?

Celui où j’ai pu faire tout ce que je n’ai pas pu faire la semaine (rangements et réponses aux faire-part)

 

8/ Lequel de tes personnages aurait le plus de chances de survivre à une apocalypse zombie ? Pourquoi ?

Non mais je rêve ! Mes personnages portant corset ou haut-de-forme ne vont pas se mêler à une telle population ! Quoique… Finalement, je verrais bien Baptiste, mon étudiant anarchiste, fabriquer une machine infernale qui projetterait sur les gens une grosse gelée verte, leur peau fondrait, un ectoplasme sortirait de leur corps en fusion, avec une grosse langue rouge qui répandrait un liquide visqueux qui recouvrirait les rues et les places… Je te laisse écrire la suite. (Ne fais pas lire ce texte à un psy)

 

9/ Dernière question (la question piège qui peut t’attirer des millions d’ennemis) : pain au chocolat ou chocolatine ?

Sachant qu’à Aix-en-Provence (ou j’ai habité), j’ai acheté dans une boulangerie un restaurant (gros pain) et qu’à Metz (où j’ai aussi habité), on me faisait sur mes paquets-cadeaux un joli flot (nœud), tu penses bien que je peux acheter une chocolatine à Toulouse ou à Narbonne (que je n’ai pas habité mais où je vais souvent). Mais étant née dans le Nord (par accident), et prééminence de la langue d’oïl oblige, je demande des pains au chocolat.

Réponse de Normand ? Je n’ai pourtant pas habité par là…

10/ Le mot de la fin ?

Peuchère ! (mot issu de la pointe de l’ascendance provençale, que j’emploie volontiers, mais uniquement dans le cercle privé, enfin je crois…). Peuchère, disais-je donc, tu es trop gentille, Céline, de m’avoir interviewée !

 

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