Myrtille ne tient pas en place. Elle a beau essayer de rester calme, rien à faire. Elle guette le moment où le bruit de la sonnette de la porte d’entrée va retentir. Même si demain est un jour d’école et qu’elle va se coucher comme d’habitude, elle ne peut s’empêcher de se sentir aussi heureuse qu’un jour de fête.
Car son copain Barnabé ne va pas tarder à arriver. Avec sa grande sœur Clara, ils vont passer les dix prochains jours chez Myrtille, pendant que leurs parents partent célébrer leur quinzième anniversaire de mariage dans un endroit nommé les Maldives. Il parait que ce sont des iles mieux qu’un paradis. Comme Barnabé adore raconter des bêtises, il appelle ça les « endives », pour faire rigoler Myrtille.
— Quelle idée d’aller si loin pour des endives, alors qu’il suffit d’aller en acheter au supermarché ! a-t-il dit à son amie, l’autre jour.
Ses parents vont devoir rester des heures et des heures sans remuer dans un avion. Rien que pour ça, Barnabé se réjouit de ne pas les accompagner. Il a trop la bougeotte pour un voyage aussi long. Clara, elle, boude depuis qu’elle l’a appris. Elle s’imaginait déjà en maillot de bain, à bronzer sur la plage. Il faut espérer que sa mauvaise humeur se calmera bien vite.
Comme les grands-parents de Barnabé habitent à plus de cinquante kilomètres, il a été décidé que lui et sa sœur passeraient ces quelques jours chez Myrtille. C’est plus simple et cela évite des heures de voiture aux deux enfants, des allers-retours fatigants pour aller en classe. Au départ, c’était juste pour cette semaine, puisque les vacances d’hiver commencent vendredi. Mais Myrtille et Barnabé ont tellement supplié et cajolé qu’ils ont obtenu que le petit garçon reste pour les dix jours entiers. Seule Clara partira vendredi soir à la campagne chez son papi et sa mamie. Les deux amis sont ravis.
Pourtant, tout a bien failli tourner à la catastrophe ! La maman du papa de Myrtille a subi une inondation chez elle, l’eau coule du plafond et elle ne peut pas occuper son appartement pour le moment, le temps de réaliser les travaux et les réparations. Elle aussi habite là depuis une semaine, ça commence à faire du monde…
Myrtille n’a pas de frère ni de sœur et il n’y a que deux chambres dans son appartement, plus une toute petite pièce qui sert de bureau à ses parents. Ils vont être très serrés. Le manque de place a failli tout mettre en l’air. Heureusement, Barnabé est le roi pour trouver une solution à tous les problèmes, et par chance, les adultes ont accepté sa proposition sans trop se faire prier.
Myrtille laisse sa chambre à sa mamie, comme ça elle sera bien tranquille. Barnabé va apporter deux matelas de camping gonflables. Il y en aura un sous le bureau et l’autre devant la petite bibliothèque. Myrtille a prévu de grands draps : elle en mettra un sur le bureau et le deuxième sur deux chaises au-dessus du matelas de Barnabé. Ça va faire comme des cabanes ou des iglous. Sa maman lui a même rapporté trois gros cartons qui serviront à former un passage secret entre les cabanes. Ils pourront passer d’un lit à l’autre en toute discrétion. Quelle aventure géniale ça va être !
Clara devra se contenter du canapé du salon. Ce n’est pas très grave, elle ne reste que deux jours, puisqu’on est déjà mercredi.
Enfin, ça sonne ! Myrtille se précipite pour arriver à la porte la première. Elle glisse sur le carrelage du couloir avec habileté, en évitant de se cogner aux meubles. Oui !!! Ce sont eux !
Le papi de Barnabé lui sourit :
— Alors, ma jolie Myrtille, tu as l’air ravie de me voir ?
— Euh… oui. Je suis contente, répond-elle poliment.
Elle se dandine sur place, pressée d’attirer son ami dans le bureau, pour entamer l’aménagement de leur abri.
— Raconte-moi ta journée, petite fille.
Désespérée, la fillette regarde ses pieds et commence à expliquer ses activités au centre aéré. Alors, sans prévenir, le papi de Barnabé éclate d’un rire moqueur.
— Je te taquine ! Je me doute bien que tu n’as aucune envie de me faire la causette. Allez, filez, les deux garnements. Je vais discuter avec Caroline et Vadim.
Soulagée, Myrtille signifie à Barnabé de la suivre, à grands gestes surexcités. Le petit garçon attrape le gros sac contenant les matelas et le gonfleur, puis la rejoint dans le bureau. Sans plus attendre, ils déballent le tout et commencent à préparer leurs couchages en bavardant gaiment.