Il y a quelques mois, le groupe Facebook Mordus de Thrillers m’a proposé une interview originale : au lieu que ce soit moi qui réponde aux questions, c’est le personnage principal de La divine proportion qui s’en est chargée.
Comme j’ai trouvé l’idée et le résultat très sympas, je vous la repartage ici, assortie de la photo d’Héléna, telle que je me l’imagine (photo créée par IA).
La divine proportion est toujours disponible et vous pouvez lire le premier chapitre ici.
– Vous évoluez dans La divine proportion. Qui êtes-vous ? Possédez-vous des caractéristiques physiques particulières ? (vous pouvez vous décrire si vous le désirez) Quel âge avez-vous ? D’où venez-vous ?
Je m’appelle Héléna Desormeaux, surnommée Léna, et j’approche du cap de la trentaine. Je suis couverte de tatouages, qui me servent à dissimuler ma maigreur. Grande, brune aux cheveux courts, je me contrefiche de la mode. Je mets des vêtements pour avoir chaud et des chaussures pour ne pas me faire mal aux pieds.
J’ai passé toute ma vie autour de Paris et je vis dans un des quartiers créés par le président Rollin, celui des journalistes et des techniciens de la presse et du showbiz.
J’ai des troubles relationnels et sociaux assez intenses, proches de l’autisme. Je suis haptophobe, c’est-à-dire que je déteste le contact physique.
– Parlez-moi de votre parcours. Comment êtes-vous arrivée là ? Que faites-vous dans la vie ? Quelle est votre spécialité ? ![]()
Avec mes difficultés, ce n’était pas gagné que je puisse trouver un travail un jour. Toutefois, les circonstances très particulières du décès de mon père quand j’avais quinze ans m’ont permis de bénéficier de privilèges certains. Mes études de journalisme ont été financées grâce à ça et une place toute trouvée m’attendait au sein d’Avec vous, l’organe de presse bien connu de tous les Français. Je n’excelle pas vraiment dans mon boulot, je suis trop asociale pour cela. Mais j’arrive à m’en sortir à peu près. Jusqu’à ce reportage imprévu à Berdoux, dans un orphelinat…
-Êtes-vous plutôt du genre à argumenter ou essayez-vous plutôt d’éviter les conflits ?
J’ai un sale caractère, alors j’ai tendance à foncer bille en tête et à réfléchir après coup. Avec mon partenaire sur cette enquête, ça fait des étincelles à plusieurs reprises. Lucas Donadio est un vieux flic désœuvré à cause de la mise en place du procédé inventé par les scientifiques, qui a éliminé la criminalité. Il en veut à la terre entière depuis la mort de sa femme, il est acariâtre et colérique. Pourtant, il est le seul à vraiment me comprendre.
-Êtes-vous plutôt optimiste, réaliste ou pessimiste ?
Je vis dans mon monde, sans jamais m’interroger sur le bien-fondé de ce qui m’entoure. Je gobe tout ce que dit le gouvernement, persuadée de vivre dans une société idéale et parfaite (ou presque). Ma rencontre avec la petite Cerysette va faire voler en éclats mes certitudes et me révéler la part sombre de l’humanité. Tout au long du livre, j’oscille sans cesse entre optimisme et pessimisme, un peu perdue de voir mes repères et ma routine bouleversés par mes découvertes.
– Aimez-vous faire des blagues ou préférez-vous rester sérieuse ?
J’ai tendance à faire de l’humour, en toutes circonstances, principalement pour provoquer mes interlocuteurs. C’est ma façon à moi de supporter de devoir avoir des échanges avec mes congénères. Le rire peut être une cuirasse très efficace. Bien que j’aie tendance à pousser trop loin, je ne connais pas les limites du socialement acceptable.
– Avez-vous des modèles, des mentors ?
Mon père, bien sûr ! Grand reporter mort en héros, il est l’idéal que je voudrais atteindre, tout en en étant incapable. Je le sais. Jamais je ne lui arriverai à la cheville. À moins que cette enquête n’ait des répercussions profondes sur le pays et que je devienne une sorte d’égérie révolutionnaire. Qui sait ?
– Qui est la personne la plus importante dans votre vie et pourquoi ?
Personne pendant longtemps. Et puis, ce jour-là, la gamine a touché quelque chose en moi. Une capacité émotionnelle que je ne soupçonnais pas. La retrouver et la sauver du sort ignoble qui l’attend devient mon seul objectif. Il existe bien des coups de foudre amoureux, pourquoi pas un coup de foudre pour une orpheline délaissée ?
-Avez-vous des peurs ou des phobies ?
Comme je l’ai déjà dit, je ne supporte pas que l’on me touche. Surtout sans prévenir. Je peux réagir avec une grande violence dans ces cas-là.
Je suis incapable de lire un livre, mon rapport à la lecture s’est trouvé bouleversé pendant un évènement traumatique. Mais j’ai quand même trouvé une façon de me tenir au courant et de lire d’une certaine manière, grâce à ma copine Florence.
– Quel est l’événement qui vous a le plus marquée jusqu’ici dans votre vie ? ![]()
La mort de mon père.
-Aimez-vous passer du temps seule ?
J’ai peu d’amis, je me contente de moi-même (et du Chien).
-Quel est votre passe-temps favori ?
Ramasser les saletés du Chien. Je n’ai pas de passe-temps, je ne possède pas les codes pour savoir m’amuser.
– Quel est votre livre préféré ?
Certainement pas Le meurtre de Roger Ackroyd ! J’avoue avoir un faible pour les romances torrides d’Olivier Norek. Il est vieux mais assure encore, niveau écriture.
– Quelles musiques vous font vibrer ?
Toutes ! La musique m’est bien plus agréable à l’oreille que les blablas constants des gens.
-Avez-vous des projets ?
Vous comprendrez que dans ma situation actuelle, je ne peux pas en parler. Ce serait trop dangereux.
– Que ressentez-vous à cet instant ?
La sérénité. Enfin.
-Avez-vous des secrets ? Des regrets ?
J’aurais aimé pouvoir comprendre plus tôt ce qui se tramait et éviter toutes ces morts.
– Vous avez été désignée porte-parole des personnages de La divine proportion. Cela doit provoquer une certaine émotion, non ?
Je ne comprends pas pourquoi, en réalité. Donadio aurait mieux fait l’affaire, il est plus à l’aise en société. D’un autre côté, c’est vrai que sans moi, personne ne s’intéresserait aux invisibles, à celles qui peuplent les quartiers des réfugiées américaines.
– Quel regard portez-vous sur La divine proportion ? Sans trop en dévoiler, les aventures que vous y vivez, votre rôle, vos comparses…
Normalement, c’est une fiction. En tout cas, c’en était une à l’origine. Mais la réalité rattrape souvent la fiction et une partie de la technique décrite dans le roman a vu le jour il y a quelques mois. Ça nous a fait froid dans le dos à tous, qu’il s’agisse de moi, des autres personnages ou de notre créatrice. D’ailleurs, après lecture du roman, si vous voulez en savoir plus, elle vous envoie volontiers un lien pour comprendre de quoi je parle.
– Vous qui avez rencontré l’autrice, quelle impression vous a-t-elle laissée ?
Elle n’est pas toute seule dans sa tête, celle-là ! Si vous aviez vu ce que j’ai vu dans son cerveau, pendant la période de maturation de La divine proportion, vous partiriez en hurlant… Il y a assez de bouts d’histoires et de personnages là-dedans pour écrire 200 bouquins !
-Combien de temps votre créateur a-t-il mûri votre existence ? A-t-il mis une grande part de lui-même dans votre caractère ?
Difficile à dire, c’est tellement mal rangé dans sa tête. Perso, je ne supporte pas le bazar, il me tardait de sortir de là. Malgré tout, on se ressemble un peu : comme moi, elle a souvent du mal à comprendre les interactions sociales et ce que l’on attend d’elle.
-Pensez-vous être son défouloir, lui en voulez-vous ?
N’exagérons rien non plus. Elle me fait vivre des évènements pas simples, ok, mais elle m’aime bien. D’ailleurs, elle aime tous ses personnages, même les plus affreux. Elle pense à nous tout le temps, elle s’inquiète pour nous, s’excuse quand elle nous fait des misères… Comment lui en vouloir, dans ces conditions ? Et puis, très souvent, elle nous laisse prendre le contrôle de l’histoire.
– Si vous deviez réécrire La divine proportion, que modifieriez-vous ?
Je ne mettrais jamais le pied dans les pisses du Chien. Ou mieux, le Chien serait parfaitement propre ! Oui, ça, ce serait bien.
-Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Je ne vais pas dire que je suis pressée de faire votre connaissance, ce serait faux, puisque je n’aime pas les gens. Mais bon, je veux bien faire exception pour les Mordus.
– Pour finir, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de La divine proportion ?
Si vous passez à côté du meilleur kébab de Paris, n’oubliez pas de m’en prendre un. Cette sacrée Aude a réussi à me convertir, je les adore !
Merci pour ces réponses.

