« Oh la la, encore ? » vous dites-vous, à juste titre.
Oui, encore. Je ne me lasse pas de lire des histoires de zombies, surtout si elles sont intelligemment traitées. C’est d’ailleurs souvent le cas ! Les lecteurs frileux passent leur chemin, alors qu’il y a de véritables pépites dans le genre post-apo.
Celui que je viens de lire, par exemple, gentiment fourni par l’auteur. Ecrit par Bouffanges, un auteur autoédité, Zombies m’a autant enthousiasmée que 1,2,3 …Zombies ! dont je vous ai parlé il y a quelques semaines, ici.
Résumé :
Lorsque les morts se mettent à sortir de leurs tombes, les questions fusent : Comment est-ce possible ? Quel danger ces zombies représentent-ils pour les vivants ? Que faire d’eux ? Tandis que les journalistes s’enthousiasment et que les médecins s’émerveillent, les politiques tergiversent, le tout formant un brouhaha grotesque. L’inaction devient coupable lorsque le nombre de zombies devient préoccupant, chaque semaine en offrant des milliers supplémentaires. Faut-il les renvoyer d’où ils viennent ? Les intégrer à une population inquiète ? Les éliminer ?
Prenez la structure narrative de World War Z de Max Brooks, la problématique de l’excellente série anglaise In the flesh, traitez le tout à la sauce franchouillarde avec le cynisme d’un Desproges, et vous obtenez ce court roman de Bouffanges.
Dans Zombies, les morts-vivants sont finalement des personnages secondaires, ils pourraient être remplacés par n’importe quel type de population qui viendrait gripper la machine gouvernementale : migrants, malades d’une épidémie lambda, coiffeurs devenus fous ou éleveurs d’escargots radioactifs. Peu importe ! Le propos de Bouffanges tient plus à l’analyse fine et extrêmement acide d’une société confrontée à un problème qui la dépasse, et il balance en phrases vitriolées toute l’inhumanité d’un système indifférent à l’Autre.
Comme Bertrand Crapez, Bouffanges nous balance à la gueule les contradictions d’un pays qui se veut égalitaire et accueillant par principe, tant que cela ne bouscule pas trop ses petites habitudes (et surtout ses hommes politiques). De magouilles en aveuglement, de limogeages discrets en basculement vers l’innommable, on découvre avec horreur les réponses inadaptées au phénomène zombie.
C’est d’autant plus dérangeant qu’il est aisé de s’identifier à certaines réactions, y compris les plus extrêmes.
Là où ça coince, c’est que [pour l’instant] Bouffanges a retiré ses ouvrages de la vente, dans un gros coup de mou qu’il explicite fort bien sur sa page Facebook. C’est rageant, parce qu’il y a une suite à Zombies, au titre alléchant : Calamity Zombie. Il m’avait envoyé Zombies avant de prendre sa décision.
Gardez son nom en mémoire, ou écrit quelque part sur un calepin. Il reviendra peut-être un jour sur sa décision ! En attendant, vous pouvez découvrir certaines de ses nouvelles dans les numéros de l’indé panda.