Je vous présente aujourd’hui Feuilles de Michael Fenris, auteur à la fois édité et autoédité. Si j’ai bien tout suivi, Feuilles est son premier roman, et rien que pour cela, il m’a bluffée. Mais je vais trop vite en besogne ! Place déjà au résumé :

À Hope Falls, petite ville américaine isolée au milieu d’une immense forêt, près de la frontière canadienne et des anciens territoires algonquins, tout est régi par Vernon Krueger. Maire, directeur de la plus grosse scierie de la région et propriétaire de la moitié de la ville, cet homme peu scrupuleux n’hésite pas à déforester sans aucune considération pour la nature environnante. Jed, son bras droit, cautionne de moins en moins ses pratiques douteuses, et tente vainement de préserver la forêt. Un phénomène étrange se produit alors : les feuilles des arbres commencent à tomber et, portées par un vent inhabituel, envahissent sans fin la ville, jusqu’à la recouvrir dangereusement. L’inquiétude s’empare peu à peu des habitants coupés du monde par ces murs de feuilles mortes et la tempête, à mesure qu’ils perdent tout contrôle sur des événements de moins en moins naturels. Tandis que l’angoisse grandit et que les habitants de Hope Falls plongent dans un véritable enfer auquel ils vont devoir survivre coûte que coûte, secrets enfouis et véritables caractères se révèlent au plus mauvais moment. Jed prend la tête des équipes de secours, mais bientôt il devra accepter l’incroyable et se résoudre à suivre ses intuitions… Tension, suspens, mystère, une intrigue qui se déroule à la frontière du surnaturel, et vous tient en haleine de la première à la dernière… feuille.

Michael Fenris joue avec les codes dans ce roman : une structure narrative, des personnages et certaines parties de l’intrigue d’un classicisme indéniable (les méchants sont VRAIMENT méchants, l’histoire d’amour est pressentie dès le début…), toutefois, ce classicisme explose complètement sur d’autres aspects (un héros un peu ballotté par les événements, loin de l’image classique du héros, justement). Et cette idée de feuilles malévolentes ouvre la porte à d’infinies possibilités narratives, qui rendent le récit palpitant de bout en bout. Trop souvent, on associe classique avec convenu, en donnant un arrière-goût péjoratif. Croyez-moi, c’est loin d’être le cas ici !

L’auteur maîtrise la montée de l’angoisse à la perfection, aussi bien que Stephen King ou Graham Masterton (oui, j’ai conscience de ce que j’écris). Franchement, si on m’avait donné ce roman à lire à l’aveugle, en me disant que c’était une oeuvre de King exhumée d’un carton, je l’aurais cru sans difficulté. L’écriture est belle, et le passé simple exploité au maximum (c’est suffisamment rare pour être souligné). Peu à peu, on glisse vers l’horreur, dans un huit-clos paradoxal (puisque l’action englobe une immense forêt) et dérangeant.

Alors, bien sûr, on pourrait lui reprocher le côté manichéen de son oeuvre, surtout les lecteurs friands de « nouveauté ». Pour ma part, je préfère largement un bon thriller fantastico-horrifique tel que celui-ci aux romans tarabiscotés, mal ficelés qui pullulent, cherchant à faire le buzz. Surtout qu’on sent très bien que ce livre est construit en hommage à toute cette culture américaine classique, presque une déclaration d’amour à ces auteurs qui ont sans nul doute bercé l’adolescence de Michael (et là, s’il répond « non, pas du tout » d’un air surpris, je n’ai plus qu’à aller me cacher). 

L’histoire vous happe et refuse de vous lâcher, le crescendo de l’intrigue vous triture sournoisement le palpitant, vous emberlificote les neurones, vous titille les terminaisons nerveuses. N’est-ce pas là le signe indéniable d’un bon thriller ? Pour l’anecdote, j’en étais à peu près au 2/3 du livre, et je suis allée promener mes chiens. On est en octobre, les feuilles commencent à tomber, elles jonchent les trottoirs et crissent sous les pieds. Je n’étais pas tout à fait sereine, même si je SAIS qu’elles sont inoffensives (ah oui, vraiment ? me susurre la voix de Jed, narrateur de Feuilles).

Pêle-mêle, j’ai retrouvé le bonheur ressenti avec Dôme, Brume, Misery, Twin Peaks (je ne vous dis pas où ni pourquoi, pour ne pas vous spoiler), et j’en oublie sans doute.

Michael Fenris est médecin dans la vraie vie, et je craignais un peu que le récit soit plombé par des termes médicaux inaccessibles au profane. Que nenni ! Au contraire, il se lance un clin d’oeil d’auto-dérision dans un court passage entre le narrateur et un toubib.

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Mais j’ai assez causé, place à Michael Fenris !

1/ Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Je suis un représentant du genre masculin de 50 ans, originaire de l’est de la France (Nancy), ayant adopté la région parisienne il y a maintenant 17 ans, marié et papa de 3 enfants de 13, 8 et 5 ans. Je suis installé comme médecin dans la région depuis bientôt 16 ans. Et j’écris des trucs en pagaille quasiment depuis l’âge de 11 ans, en les entassant dans des pochettes et des cartons.

2/ Ton livre est empli de références à la culture américaine, est-ce par passion pour cette culture ?

J’avoue que j’aime beaucoup ce qu’elle peut apporter comme folie dans un roman, quel que soit le style, du polar au thriller, au fantastique, à l’épouvante. Peut-être est-ce parce que c’est le pays de tous les excès, un pays qui a sans doute voulu compenser un manque d’histoire justement par une culture excessive. Et une grande partie de ma culture littéraire personnelle vient de ses auteurs, ce qui explique sans doute aussi cela.

3/ As-tu un rituel d’écriture, un moment privilégié pour écrire ?

En règle générale, j’écris tout le temps, à n’importe quelle heure, dès que j’ai une minute. Mais je préfère le soir parce que c’est souvent là que j’écris le plus. Je m’installe dans mon fauteuil préféré au salon, portable sur les genoux, et je commence. J’utilise Spotify pour chercher une musique qui colle le plus aux passages que je compte écrire. Et j’écris à l’instinct, sans plan ni notes, comme ça vient, en général deux ou trois romans en même temps, ce qui fait que si un bloque, l’autre prend le relais.

4/ Si tu devais choisir entre la médecine et l’écriture, laquelle choisirais-tu ? Et pourquoi ?

J’aime encore beaucoup mon métier (et heureusement !). Si j’avais la possibilité de choisir, j’aimerais que ce soit du 50/50, une moitié du temps à écrire et l’autre à soigner. Maintenant, si je devais n’en choisir qu’un, ce serait l’écriture…parce que je peux lâcher la grappe à l’imagination J

5/ Quel est l’adjectif qui te définit le mieux selon toi ? Et selon tes proches ?

Question piège ! Aucune idée. Faudrait demander à mes proches peut-être ? On me qualifie parfois de surprenant, en rapport sans doute avec la quantité de pages que je suis capable d’écrire. (oui, je m’en tire avec une pirouette )

6/ Si tu ne devais plus lire qu’un seul livre jusqu’à la fin de tes jours, lequel choisirais-tu ?

Là, comme ça, sans réfléchir, le premier qui me vient à l’esprit, c’est un western énorme, absolu, de Larry McMurtry, Lonesome Dove. Un chef d’œuvre. Sinon, les fleurs du Mal de Charles Baudelaire.

7/ Quelle est ta définition d’un dimanche parfait ?

Lever tranquille sans se presser, on oublie la montre, on écrit beaucoup ou on profite de sa salle de cinéma, on voit les amis…Et on sait que le lundi on ne bosse pas.

8/ Lequel de tes personnages, tous livres confondus, aurait le plus de chances de survivre à une apocalypse zombie ? Pourquoi ?

Probablement le flic du FBI du prochain roman, Dave Tosaga. Parce que ce type est extrêmement calme et détaché en toutes circonstances, il ne perd jamais son sang-froid, il a une maitrise totale de ce qui l’entoure. Jamais pris au dépourvu, jamais surpris, et une sorte de sixième sens hérité de ses racines indiennes. A découvrir très bientôt !

9/ Dernière question (la question piège qui peut t’attirer des millions d’ennemis) : pain au chocolat ou chocolatine ?

Pain au chocolat, sans hésiter. Je suis d’une région où on va chercher un gros pain et non un pain chez le boulanger, où on demande des cornets pour mettre les courses au supermarché, et où on utilise un torchon de plancher pour laver les sols.

10/ Le mot de la fin ?

Fin ? Sinon, merci pour ces questions ?

J’espère juste que les réponses n’auront pas fait fuir trop de monde en cours de route…

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