En rangeant mes bibliothèques, je suis tombée sur une saga que j’ai lue plusieurs fois (Le Siècle des chimères), et j’ai repensé à la façon dont je l’ai découverte.
Sur les groupes de lecture, ou en discussion directe sur les salons, les lecteurs se plaignent souvent de cette impression de toujours plus ou moins lire la même chose, de tourner en rond.
Quand on voit la production littéraire annuelle, difficile de s’y retrouver, forcément. Et, comme le porte-monnaie a la fâcheuse manie de se vider très très vite, la tentation est grande de sans cesse choisir des « valeurs sûres », des auteurs ou des genres que l’on aime et qu’on est certains d’apprécier.
C’est dommage dans un sens, cela nous coupe d’une multitude d’ouvrages et d’auteurs.
Mais je comprends tout à fait, je l’ai fait aussi, longtemps.
Force est de reconnaître qu’au bout d’un moment, notre électrocardiogramme de lecteur finit par ne plus connaître de pics bienheureux. Nous lisons de bons livres, sur des sentiers bien balisés, à l’abri dans notre zone de confort. L’humain étant l’humain, il finit par ne plus se satisfaire de ce ronron routinier et cherche à explorer d’autres voies.
Il y a un moyen simplissime, et peu onéreux, de renouveler ses lectures. Il suffit de s’inscrire dans la médiathèque de sa ville, d’en parcourir les rayons et d’emprunter des livres complètement au hasard. Sans s’accorder le droit de réfléchir, de juger la couverture, sans lire la quatrième. On tend le bras vers un rayon, les yeux fermés, et on prend un ouvrage.
Exit la couverture un peu kitsch qui nous aurait repoussés en librairie, le résumé peu attirant, le titre qui ne rencontre pas d’écho en nous.
Il suffit d’accorder sa chance à chaque livre emprunté de cette façon, vraiment lui donner sa chance.
Je le pratique régulièrement, et je peux vous assurer que j’ai découvert tout un tas d’auteurs qui n’auraient sans doute jamais croisé ma route (Kate Atkinson, Alison Lurie, Susan Hill, Philippe Cavalier, Nick Hornby, Pat Conroy…).
Bien sûr, j’ai aussi refermé pas mal de livres après 50 pages. Le genre ne me plaisait pas, l’écriture ne me convainquait pas, l’intrigue ne m’accrochait pas… Mais pour quelques abandons, combien d’émerveillements ? Beaucoup.
N’hésitez pas, vous verrez, la dégustation à l’aveugle vous surprendra (par contre, il est recommandé d’ouvrir les yeux pour lire, c’est plus simple ^^)