En janvier, j’ai passé un dimanche aux côtés d’une éditrice adorable, celle des éditions mots en flots. J’ai craqué en 1/4 de seconde pour Airstronomy de Johanna Marines, rien qu’en lisant la quatrième de couverture.
Et j’ai bien fait ! Ce roman est très très bon.
Résumé :
Ere Cassiopée, 2216
Imaginez un futur où la montée des eaux aurait redessiné le contour des continents. Un monde ravagé par l’Homme où la faune et la flore ont totalement disparu. Pire, un monde où le simple fait de respirer est devenu mortel.
Dans une cité rongée par le sel et les embruns, les derniers habitants de cette planète tentent de survivre en haut des gratte-ciel. Mais comment vivre ses rêves quand l’air lui-même se vend et s’achète comme un vulgaire bien de consommation ?
Plongez au coeur des bas-fonds malfamés de Toronto et transgressez les interdits de cette ville qui ne dort jamais. Mais prenez garde, car dans cette cité où tout n’est qu’illusion, gangrénée par l’eugénisme et les manipulations génétiques, un parfum de rébellion flotte déjà dans l’air.
Nul doute, vous n’en sortirez pas indemnes…
La littérature de l’imaginaire foisonne de parutions ces dernières années, parfois (souvent ?) avec des titres dont on se passerait bien. Certains auteurs pensent qu’il suffit d’avoir une bonne idée pour faire un bon livre. La qualité littéraire passe alors à la trappe. D’autres, à l’écriture irréprochable, s’imaginent que cela suffit à masquer la pauvreté de l’intrigue.
Ici, pour mon plus grand bonheur, l’écriture et l’intrigue sont excellentes. Johanna Marines n’hésite pas à employer un vocabulaire soutenu, elle virevolte gracieusement avec le passé simple et son écriture est addictive. Pour preuve, j’ai délaissé l’écriture le temps de dévorer Airstronomy !
L’univers qu’elle invente, cohérent et terrifiant, est magnifiquement construit, jusque dans les plus petits détails. L’air, seule denrée encore « gratuite » de nos jours, est devenu une marchandise comme une autre. Et Johanna n’hésite pas à renvoyer la culpabilité de cet état de fait au nous de ce début du 21ème siècle. Nous sommes responsables de l’état de la Terre, et nos descendants en paieront le prix. Qui pourrait bien être celui qu’elle présente dans le roman. En filigrane, indépendamment de l’intrigue principale, c’est aussi une sonnette d’alarme sur la catastrophe qui nous pend au nez si nous ne réagissons pas.
Pour autant, Airstronomy n’est pas un pamphlet écolo. C’est un constat assez déprimant sur les errements de l’humanité, qui semble condamnée à reproduire encore et encore les mêmes erreurs, tomber dans les mêmes excès. C’est une ode à la liberté des hommes et des peuples. C’est aussi un questionnement sur l’eugénisme et ce qui définit l’idée de famille. Une exploration des méfaits du totalitarisme. Et beaucoup d’autres choses encore.
Bref, ce roman foisonne de thèmes qui s’entrelacent avec brio et qui obligent à réfléchir, pendant et après la lecture. Johanna jongle avec les codes du genre, se les approprie pour mieux s’en jouer, sans céder aux diktats habituels. Par exemple, elle nous épargne la sempiternelle scène de sexe convenue, qui m’agace en général (merci ! 😉 ). Et la fin est loin de ce qu’on trouve d’habitude, je l’ai trouvé excellente. Oser se libérer d’entrée de jeu des carcans, pour un premier roman, c’est couillu !
Le petit plus : la façon originale de proposer une playlist à écouter en lisant, que je ne spoilerai pas.
En conclusion, si vous avez envie d’un roman intelligent, bien écrit et exigeant, procurez-vous Airstronomy sans plus tarder. Vous ne le regretterez pas, même si au départ vous n’êtes pas particulièrement fan de post-apo et d’anticipation. Les qualités intrinsèques du livre dépassent très largement le cadre étriqué des petites cases littéraires. Johanna Marines nous parle d’humanité, tout simplement. Et c’est beau. C’est déprimant, mais beau.
Place à Johanna.
1/ Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Johanna, j’ai 26 ans et je vis près de Montpellier dans le Sud de la France. En parallèle d’une thèse de recherche en Biologie, je partage mon temps libre entre mes différentes passions : lecture, dessin et écriture bien entendu !
2/ Après le magnifique Airstronomy, peux-tu nous parler de ton prochain roman à paraître ?
Mon prochain roman à paraître est prévu pour le 4 avril 2019 chez les éditions Snag Fiction ! Il s’agit d’un thriller steampunk, qui se déroule en 1888 à Londres. On y retrouve en toile de fond, les meurtres de Jack l’éventreur et des vols de cadavres dans les cimetières de la capitale Anglaise… J’espère bien faire frissonner quelques lecteurs avec cette histoire 😊
3/ As-tu un rituel d’écriture, un moment privilégié pour écrire ?
J’aime bien m’immerger dans l’univers de mon histoire avant d’écrire. Une chose toute simple : le fond d’écran de mon ordinateur ! J’adore avoir un visuel qui colle à l’intrigue, cela me motive énormément et me met en condition. Sinon, il ne me faut pas grand-chose : un carnet, un lit, mon ordinateur portable et un peu de musique classique (bon d’accord c’est cliché ^^ mais ça marche bien !)
Pour l’écriture d’Airstronomy, j’écrivais essentiellement le matin, (je mettais mon réveil une heure plus tôt pour écrire avant de partir en stage ^^ si c’est pas de la motivation ça !). Plus récemment, j’écris dès que j’ai un peu de temps libre (le soir et/ou le week-end). J’essaie de prévoir une petite plage horaire de 1 ou 2h en général.
4/ Si tu devais choisir entre la pharmacie et l’écriture, laquelle choisirais-tu ? Et pourquoi ?
Les deux ! Impossible de dissocier ces deux domaines ! La science est une vraie passion pour moi, j’y ai consacré de nombreuses années d’études (7 ans au total) et je ne me vois pas mettre cela de côté. D’un autre côté l’écriture est pour moi une vraie passion et je tiens à ce qu’elle le reste. Je n’aimerai pas que l’écriture devienne une contrainte (avec des délais à respecter par exemple), j’aime être libre dans mes loisirs. Avoir le choix d’écrire ou non au moment où j’en ai envie. C’est cette liberté qui nourrit ma créativité !
5/ Quel est l’adjectif qui te définit le mieux selon toi ? Et selon tes proches ?
Déterminée. En général quand j’ai une idée en tête, je me donne tous les moyens pour la réaliser qu’importe les sacrifices que cela comporte !
6/ Si tu ne devais plus lire qu’un seul livre jusqu’à la fin de tes jours, lequel choisirais-tu ?
Sans aucune hésitation, La Nuit des Temps de Barjavel, un chef d’œuvre intemporel écrit en 1968. Cette histoire a véritablement bouleversé ma vie.
7/ Quelle est ta définition d’un dimanche parfait ?
Je suis quelqu’un d’assez casanier alors, un bon plaid, mon ordinateur (avec un abonnement Netflix), des sushis et des jeux vidéos et je suis la plus heureuse !
8/ Lequel de tes personnages, tous textes confondus, aurait le plus de chances de survivre à une apocalypse zombie ? Pourquoi ?
Question difficile ! Je verrai bien Luna (un des personnages de Cendres) survivre à une apocalypse zombie ! Pourquoi ? Car, elle est intrépide, fonceuse et maligne ce qui lui permettrait de se sortir de pas mal de situations périlleuses !
9/ Dernière question (la question piège qui peut t’attirer des millions d’ennemis) : pain au chocolat ou chocolatine ?
Pain au chocolat ! Sacrilège ^^
10/ Le mot de la fin ?
Merci beaucoup pour cette interview Céline et au plaisir de te rencontrer sur un salon prochainement !
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