> PR0L0GU3
Je m’appelle Mira Mason, j’ai 23 ans, et je suis informaticienne, plutôt douée, je peux l’affirmer sans fausse modestie.
Il y a encore peu de temps, je vivais dans le bloc 19, allée 973A, maison X87 de l’abri du Colorado. Je sais aujourd’hui que mon bloc est situé à quelques kilomètres au sud de l’ancienne ville de Colorado Springs, et que les abris s’interrompent à l’ouest sur plusieurs centaines de kilomètres, presque jusqu’à la frontière de l’Utah. Je l’ai appris à la dure, perdue dans ces immensités. J’ai traversé les montagnes, et j’ai failli y laisser ma peau. J’ai également traversé les déserts arides du Nevada, pour finir par rejoindre les côtes californiennes, et goûter le sel marin sur moi.
J’imagine que ça ne vous évoque pas grand-chose, qui que vous soyez. Dites-vous bien que si vous lisez ceci, c’est que vous êtes déjà un cran au-dessus de l’écrasante majorité des habitants des abris, cela devrait vous consoler. Pour avoir accès à ces mots, il vous a fallu contourner les obstacles que j’ai sciemment déposés sur votre chemin, aidée par mon fidèle ami Lewis. Il vous a fallu décortiquer des énigmes et vous retourner le cerveau pour comprendre comment ouvrir ce fichier.
Félicitations ! Vous faites désormais partie de la poignée de personnes dans le monde à pouvoir prendre connaissance de mon histoire. Je ne sais pas qui vous êtes, de quel endroit vous êtes originaire, si vous êtes une femme ou un homme, quel âge vous avez. Je ne connais pas votre degré de tolérance envers les récits extravagants.
Peut-être allez-vous lire, puis refermer le fichier en secouant la tête, une expression incrédule sur le visage. Peut-être allez-vous rire un bon coup en pensant que je possède
une imagination trop débordante. Peut-être allez-vous me dénoncer, certains que mon esprit nécessite un recadrage immédiat.
Si c’est le cas, comprenez bien que cela ne servirait à rien. J’ai quitté la maison qui m’était attribuée depuis longtemps, et je ne suis pas assez idiote pour vous annoncer à
l’avance où je me rends. Personne ne me retrouvera jamais, sauf si je le décide.
Je suis suffisamment futée pour ne pas me laisser atteindre, et prendre les précautions qui s’imposent. Grâce à Lewis, chacune de mes entrées ici rebondit dans des serveurs innombrables, jusqu’à entièrement brouiller les pistes. Le vieil Internet est ma cachette, mon allié, je le maîtrise à la perfection.
Contentez-vous donc d’oublier tout ceci, et reprenez le cours de vos petites vies misérables et sans intérêt, sans passion. Dommage que vos compétences et vos capacités
informatiques ne vous aient pas plus ouvert l’esprit.
Les autres, qui vous laisserez titiller, bienvenue. Je vais essayer de tout vous raconter par le menu, sans fard, aussi honnêtement que je le pourrai. Pardonnez-moi par avance si mon récit vous semble parfois redondant, je me doute qu’une grande partie vous est déjà connue. Mais c’est plus facile pour moi de m’y retrouver si je n’omets rien.
Je posterai un ajout à ce fichier tous les soirs sans faute. Ou Lewis s’en chargera pour moi. Sans nouvelles pendant plus d’une semaine, considérez que je suis morte, et retournez à vos occupations habituelles, après un bref hommage silencieux.
Quand vous serez en possession de tous les éléments, si vous me croyez, et si vous désirez emprunter la même voie que la mienne, vous serez les bienvenus. Recrutez vos
amis, vos voisins, encouragez les personnes en qui vous avez confiance à nous rejoindre.
Laissez-moi un signe, un moyen de vous identifier. Ne cherchez pas à me pister, c’est moi qui vous trouverai, une fois certaine de votre sincérité.
D’autres l’ont déjà fait, notre nombre augmente chaque jour, l’avenir est en marche.
> CH4P1TR3 #1
De toutes les manières possibles de m’amener là où j’en suis, c’est la plus improbable du monde qui s’est produite : l’irruption inattendue d’un renardeau orphelin dans mon
jardin, un après-midi d’août.
Installée à mon poste de travail dans le salon, comme à l’accoutumée, je jonglais sans difficulté aucune entre les quatre ordinateurs et les neuf écrans qui rythment mon quotidien. Une panne de réseau dans le bloc 4 m’avait maintenue en alerte toute la matinée, je n’avais même pas pris le temps de déjeuner, concentrée sur la tâche à accomplir.
Les choses étaient peu à peu rentrées dans l’ordre en début d’après-midi, revenant progressivement à la normale, allée par allée, maison par maison. Je ne pourrai jamais décrire avec exactitude le sentiment de satisfaction qui m’envahit chaque fois que je répare un tronçon de réseau, ou que je viens à bout d’un problème épineux de programmation.
Sur l’écran le plus à gauche, je regardais les points rouges des abris repasser au vert l’un après l’autre. Une trop longue posture penchée, crispée, me provoquait une fichue douleur aux cervicales, et je décidai de m’accorder une pause bien méritée, avant de reprendre le cours de mes activités. L’urgence de la situation m’avait monopolisée, et je n’avais pu accomplir les obligations basiques quotidiennes d’entretien.
Pour expliquer simplement mon travail, il faut s’imaginer un robot ménager. Tous les jours, il va aspirer, épousseter, frotter, astiquer… Si un jour on laisse échapper une
soupière pleine qui éclate sur le sol en répandant son contenu, le robot devra illico gérer ce fâcheux incident, pour éviter que l’on glisse dans la soupe, au risque de se briser un membre. Il s’emploiera à éponger le liquide, ramasser les tessons de porcelaine, essuyer les projections sur les murs, passer la serpillière sur le carrelage, avant de s’estimer satisfait.
Mais, évidemment, la poussière et la saleté dans les autres pièces n’auront pas disparu pour autant. D’ailleurs, elles paraîtront d’autant plus visibles que le carrelage de la
cuisine étincèlera.
Mon travail, c’est ça. Sauf qu’au lieu de poussière et de soupe, je m’occupe de programmes informatiques et de réseaux. Je fais en sorte que tout fonctionne au mieux dans les blocs dont j’ai la charge, et je règle les problèmes, quelle qu’en soit la gravité. Par contre, contrairement au robot infatigable, j’ai parfois des coups de mou après un incident un peu éprouvant. Aussi, personne ne me tiendrait rigueur de laisser tomber l’entretien courant dans ces conditions. Mais on ne se refait pas, je déteste ne pas aller jusqu’au bout des choses.
Ce jour précis, je me rendis dans la cuisine, attrapai un cookie à la noix de coco que je me mis à grignoter pendant que la bouilloire chauffait pour le thé. L’esprit occupé par un nettoyage complet des serveurs que je comptais effectuer à partir du lendemain, je regardai distraitement par la fenêtre. Il faisait très chaud, et toutes les issues étaient soigneusement closes pour ne pas laisser la chaleur estivale pénétrer dans la maison.
Malgré leurs puissants ventilateurs, mes ordinateurs craignent les températures trop élevées, et j’étais obligée de me calfeutrer, la climatisation poussée au maximum. À la
saison froide, c’était l’inverse. Au final, je vivais tous mes étés à grelotter, couverte d’un épais gilet de laine, et mes hivers en tee-shirt.
Je devinai plus que je n’entendis le bruit des robots livreurs au bout de la rue. Réglés comme du papier à musique, ils passaient tous les après-midis dans les maisons pour fournir les habitants en nourriture fraîche. Je décidai de patienter jusqu’à leur arrivée, avant de retourner à mon travail. Les livreurs n’étaient pas mon modèle préféré de robots, loin de là. De fonction purement pratique, aucun effort n’avait été fourni pour leur donner apparence humaine. Ce n’étaient que des pavés de métal, pourvus de deux fourches pour soulever des caisses, et d’un bras articulé terminé par une pince, leur permettant de porter des sacs. Un autre cube, sans cou, pouvant pivoter à 360°, leur faisait office de tête. Ils pouvaient pénétrer dans les maisons comme bon leur semblait, et nous n’étions pas autorisés à leur en refuser l’accès. Toute tentative d’obstruction entraînait une alarme, et les sanctions ne manquaient pas de suivre. Enfin, en théorie,
parce que dans la réalité, personne ne se donnait jamais la peine de transgresser la règle. Qu’on soit assis sur les toilettes ou tout nu au sortir de la douche, les livreurs livraient,
imperturbables.
Si on n’avait rien commandé pour le jour même, ils pouvaient quand même entrer, sans y être invités, pour prendre connaissance d’une éventuelle demande pour le lendemain. Une habitude parfois très agaçante. Je savais qu’en tant que robots, ils étaient dépourvus d’âme et de sentiments, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que l’annonce de l’absence de commande les déstabilisait. J’avais l’impression que les voyants de leurs circuits de relations aux humains, obligeamment placés comme des yeux, brillaient d’un éclat moins vif, une ombre de déception passait sur les LED. Je me flattais, sans doute à tort, de pouvoir aisément les distinguer les uns des autres.
Aussi, je m’arrangeais pour avoir systématiquement un petit quelque chose à leur demander, une livre de tomates, deux bouteilles de lait, quelques pommes… Peu importait, l’essentiel était qu’ils se sentent utiles. Je prenais également le temps de leur adresser quelques mots de bienvenue, toujours un peu les mêmes. Ce jour d’août ne dérogea pas à la règle. Dès que leur camionnette électrique se gara devant mon portail, j’ouvris la porte d’entrée, et reculai d’un pas, surprise par le souffle brûlant de l’air estival qui s’engouffra dans ma maison trop fraîche.
— Bonjour, les gars ! Entrez vite !
— Bonjour, mademoiselle Mason, me répondit celui que je surnommais le Cabossé, en raison de son côté abîmé par une chute sur le verglas deux hivers auparavant.
— Allons, combien de fois devrais-je te dire de m’appeler Mira ?
— Je ne sais pas, mademoiselle Mason. Je ne suis pas un robot de compagnie ou d’élevage, je ne peux pas changer mes protocoles.
— Je le sais bien, le Cabossé, soupirai-je. Je le sais bien, mais tu ne peux pas m’en vouloir d’espérer qu’un jour cela évolue.
— Je n’oserais vous empêcher d’espérer, mademoiselle Mason.
— Bon, que m’apportes-tu de beau aujourd’hui ?
— Ce que vous avez commandé, mademoiselle Mason. Un sac de carottes, une douzaine d’oeufs, et trois tablettes de chocolat blanc.
— Parfait, le Cabossé, parfait ! Exactement ce qui me manquait. Je sais ce que tu vas me dire, que le chocolat blanc n’est pas du chocolat, mais que veux-tu, c’est le seul que j’aime.
— Si cela s’appelle chocolat, c’est que c’est du chocolat. Ou alors y aurait-il un problème dans votre commande ? Si c’était le cas, je vous invite à déposer une plainte auprès de
la console centrale des robots livreurs. Pour ce bloc, il s’agit de la référence XG…
— Mais non ! Arrête, je ne porte pas plainte, il n’y a aucun problème avec cette commande. C’était juste pour faire une petite blague, alléger la journée, tu vois ?
— Je suis désolé, mademoiselle Mason, je ne suis pas configuré pour l’humour. Souhaitez-vous passer une commande pour demain ?
— Je pense qu’un casier de bouteilles de lait et quelques canettes de coca seraient les bienvenus.
— Je ne suis pas configuré pour traiter l’idée de «quelques». Merci de me donner un nombre précis.
— Six. Apporte-moi six canettes.
Je ne pus retenir l’agacement dans ma voix, mais le Cabossé ne s’en formalisa pas.
— Très bien, c’est enregistré. À demain, mademoiselle Mason, bonne fin de journée.
— À toi aussi.
Le robot replia ses fourches, recula sur ses pales bien huilées, et prit place dans le véhicule. Du bout de sa pince, il enfonça un bouton, et la camionnette à énergie solaire démarra docilement. Elle commença à rouler, et à ce moment précis, un éclair roux jaillit au milieu de la rue et disparut sous les roues. Le van eut un sursaut bizarre, accompagné
d’un bruit écoeurant, ne laissant aucun doute sur le sort de la bête imprudente.
Le Cabossé, flegmatique, arrêta le véhicule, descendit, et examina le cadavre. Quand il fut assuré que le renard était bien mort, il fouilla à l’arrière et sortit un sac-poubelle dont il se servit pour emballer la dépouille. Puis il tapota sur la console du van, sans doute pour programmer un nettoyage de la rue. Une fois l’ordre envoyé, je ne doutais pas de voir arriver avant le soir les sémillants robots de ménage dans leurs tenues aux couleurs vives, des combinaisons rouges ou bleues. Sa mission était remplie au mieux, le Cabossé
repartit livrer les autres maisons de l’allée.
Je m’arrachai au souvenir de la pauvre bête ensanglantée, frissonnai, et retournai terminer ma journée de travail. J’eus le plus grand mal à me concentrer sur mes écrans. L’image du renard couché à deux pas de mon portail ne cessait de s’imposer devant mes rétines, flottant dans l’air, irréelle. Je n’avais pas souvent l’occasion de voir des animaux dans la réalité, ils préféraient éviter les blocs, certainement à cause du danger représenté par les véhicules des robots.
Depuis cent cinquante ans que l’humanité avait déserté la majorité de ses lieux de vie, ils avaient eu largement le temps de les coloniser, et n’avaient nul besoin de se frotter à l’homme. Aussi, chaque apparition d’une bête dans la rue m’était précieuse, je les savourais et les collectais dans ma mémoire comme des diamants. Quelques battements de coeur plus tôt ou plus tard, et le renard était sauf. Cela m’insupportait de penser que mon bavardage puéril et vain avait causé la mort atroce de ce magnifique animal.
À peine une heure après, incapable de retrouver ma concentration coutumière, je lâchai un juron agacé et abandonnai la partie. Je voulais aller vérifier si les traces de l’accident étaient toujours visibles ou si les équipes de nettoyage les avaient fait disparaître. Je ne savais pas pourquoi, mais il me paraissait soudain crucial qu’il n’y ait plus de traînées de sang devant ma maison.
Je me levai, ôtai mon gilet, et ouvris la porte d’entrée. Au lieu de suivre la petite allée gravillonnée jusqu’au portail où se tenait le Cabossé un peu plus tôt, j’obliquai vers la haie qui séparait mon jardinet de la rue, et me penchai légèrement en avant. Un drôle de tableau m’attendait.
Le sang était toujours là, rendu cassant et desséché par le soleil impitoyable, et je pouvais distinguer les mouches qui s’affairaient. Mais elles n’étaient pas seules à cet endroit. Un renardeau, assez jeune à ce qu’il me sembla, gisait tout près du sang coagulé, roulé en boule. Il gémissait, et poussait des jappements déchirants qui m’arrachèrent le coeur. Le pauvre petit devait être avec sa mère quand elle s’était élancée follement sur le bitume. Il avait certes réchappé de la collision avec la camionnette, mais sa situation restait peu brillante. Seul, désemparé, ignorant le décès de sa mère, déboussolé par son odeur présente dans les taches de sang.
J’étais navrée de sa peine et de la fâcheuse posture dans laquelle il se retrouvait. J’envisageai un instant d’appeler les robots médicaux. En théorie, ils ne s’occupaient que des maux humains, mais peut-être qu’en prétendant que le sort de ce petit me bouleversait suffisamment pour détraquer ma santé et mon bien-être obtiendrai-je qu’ils le recueillent, et l’emmènent dans je ne sais quel lieu où les animaux étaient élevés.
J’abandonnai rapidement cette idée. Il était évident que le renardeau ne bougerait pas du seul endroit où sa mère s’était tenue, qui conservait son odeur. Il suffisait que l’un de mes voisins demande l’intervention d’une équipe quelconque pour que le bébé finisse écrasé lui aussi.
Je tournai longuement le problème dans ma tête. Je n’étais pas autorisée à franchir le portail, mais je pouvais me placer juste à la limite du jardin. Je sifflai, j’appelai, je cajolai l’animal, mais il ne daigna pas m’accorder un regard, recroquevillé sur son chagrin. Je retournai dans la maison, et m’emparai de la moustiquaire dont je me couvrais quand je dormais à la belle étoile. Je la jetai sur le renardeau pour qu’elle le recouvre, puis le tirai lentement vers la haie en m’aidant de mon cerceau de gymnastique.
Les piétons n’existant pas dans les blocs, il n’y avait pas de trottoirs, aussi l’approcher de la haie ne fut pas trop compliqué. Restait à trouver le moyen de le hisser jusqu’à moi. Je ne pouvais pas me pencher plus. Au-delà d’un certain pourcentage de ma masse corporelle dehors, la sanction tomberait. Je ne pouvais pas non plus passer les bras au travers, elle était trop dense.
« Bon, petit bonhomme, je ne sais pas quoi faire. Ça serait sympa que tu y mettes un peu du tien. Je veux bien t’aider et prendre soin de toi, mais je n’ai pas le droit de sortir te chercher. À toi de venir à moi. »
Comme s’il m’avait comprise, le renardeau releva enfin la tête, et plongea ses yeux ambrés dans les miens. Ce qu’il y vit dut lui plaire, car il s’extirpa de sous la moustiquaire et commença à faire des bonds désordonnés de l’autre côté de la haie. Il n’était pas très bien coordonné, et encore trop jeune pour bien viser, mais je finis par réussir à l’attraper par la peau de la nuque. Sitôt qu’il fut dans mes bras, il s’y pelotonna en couinant, la chaleur de son petit corps frémissant aussi vive qu’un feu de cheminée.
Absurdement heureuse de cette victoire, je l’emportai vers la maison, où je lui servis une coupelle de lait coupé d’eau, qu’il lapa avec gratitude.
« Que vais-je bien pouvoir faire de toi ? Je n’ai jamais possédé d’animaux auparavant, et encore moins d’animaux sauvages ! Je veux bien faire un essai avec toi, mais tu dois me promettre de ne pas me mordre ou me faire du mal. Sinon, je te remets à la rue, illico, orphelin ou pas. Est-ce que c’est clair pour toi ? »
En guise de réponse, le renardeau agita le museau en tous sens, humant les odeurs qui émanaient du frigo resté ouvert. Un magnifique steak haché trônait au milieu d’une
clayette, je l’avais sorti le matin du congélateur en prévision de mon dîner. Les restrictions en matière de viande ne permettaient qu’un demi-kilo par semaine et par personne. Ce steak pesait bien cent cinquante grammes et je me faisais une fête de le griller avec quelques légumes sur le barbecue extérieur.
« OK, j’ai compris, pas besoin de me regarder avec ces mirettes implorantes. Le lait c’est sympa, mais la viande c’est mieux. Mais ne rêve pas, il faudra te contenter de peu. Je chercherai ton alimentation dans l’encyclopédie en ligne. Espérons que tu ne sois pas exclusivement carnivore, car tu risques fort d’être vite malheureux. »
Tout en parlant, j’avais coupé la moitié du steak en petits dés que je lui présentais directement dans la paume de ma main. Il les gobait avec reconnaissance, et les mastiquait bruyamment. Quand tout ce que j’étais disposée à lui donner fut avalé, il poussa un long soupir repu et s’endormit contre moi, sans autre forme de procès.
Je flattai son pelage aux reflets de flammes en murmurant.
— Dors, petit bout de renard, dors. Tu ne crains rien avec moi. Tu t’appelleras Aidan, cela signifie petit feu.