Je vous ai déjà parlé plusieurs fois du travail autour d’un roman, qui commence avec l’écriture, mais ne s’y arrête pas (ou en tout cas, ne devrait pas s’y arrêter).

Une fois le premier jet écrit, vient le temps des relectures et corrections par l’auteur. Mais même les cracks en orthographe, grammaire, syntaxe… ne peuvent se contenter d’être les uniques correcteurs de leurs textes.

En effet, le cerveau humain est ainsi fait qu’il cherche sans cesse à trouver des raccourcis en tout, pour éviter de se fatiguer et rester alerte en cas de besoin vital et urgent. Aussi s’empresse-t-il de faire croire aux yeux que cette phrase qu’ils lisent, que le cerveau connaît bien puisque c’est lui qui l’a créée, ne contient aucune coquille. Un auteur peut relire 10 ou 15 fois son texte, il laissera quand même passer des choses.

D’où l’importance cruciale de passer entre les mains de correcteurs professionnels, qui sauront repérer toutes (ou presque) les fautes.

Certes, mais, me direz-vous, les bêta-lecteurs peuvent également s’en charger, non ? Il suffit d’avoir un nombre conséquent de paires d’yeux pour expurger le livre de tout ce qui ne va pas.

Oui, mais non.

Autant cette stratégie peut être valide pour un écrit technique, professionnel ou estudiantin, autant le correcteur pro apporte de la valeur ajoutée dès qu’il s’agit de littérature.

Pourquoi ? Parce qu’un professionnel digne de ce nom ne se contentera pas des simples fautes d’orthographe / inattention / frappe etc. Il proposera également des améliorations (qui souvent semblent d’une évidence telle qu’on a envie de s’autoflageller de ne pas y avoir pensé tout seul), traquera les incohérences, repèrera les passages bancals, aura une vision d’ensemble bénéfique à l’auteur (qui passe tellement de temps la tête dans le guidon qu’il oublie de prendre du recul). Le texte en ressort sublimé, bonifié, embelli. Ne s’agit-il pas de ce à quoi chaque auteur devrait tendre ?

L’idéal absolu est même de soumettre le manuscrit à deux correcteurs différents, ainsi qu’il a longtemps été d’usage dans les maisons d’édition. Hélas, de plus en plus, ces dernières vont à l’économie, y compris chez les plus prestigieuses. J’enrage toujours de tenir entre les mains un ouvrage où aucune correction correcte n’a été effectuée, surtout chez les « grands » éditeurs.

L’idée étant que le texte se suffit à lui-même et qu’on ne va pas chipoter pour quelques fautes… (vu et revu sur les réseaux sociaux, aussi bien de la part de lecteurs que d’auteurs ou d’éditeurs).

Pour vous montrer la nécessité absolue de cette étape, je vous propose de découvrir un court passage de L’Apocalypse selon Sandra, répété deux fois. En premier, le texte tel que je l’avais envoyé à mon éditrice. Le deuxième, le même texte, une fois passé entre les mains de la correctrice.

Depuis sa naissance, nous le protégeons, il fait l’objet d’une surveillance discrète, mais attentive, de notre part à tous. Tom est venu au monde avec une insuffisance cardiaque, il est sans cesse souffreteux, sans cesse fatigué. Lorsque son cœur se met à dérailler, les lèvres de Tom bleuissent et ses narines se pincent, cherchant désespérément à inspirer le plus d’air possible. Le problème c’est qu’il ne s’en rend pas compte et pourrait glisser insidieusement dans un coma potentiellement mortel si ses pilules ne lui sont pas administrées au plus vite. Dans toutes les poches de nos vestes, dans nos sacs, sur le guéridon de l’entrée, dans les vide-poches de nos voitures, vous pouvez être assuré de trouver ses médicaments.

Depuis sa naissance, nous le protégeons, il est soumis à une surveillance discrète, mais attentive, de notre part à tous. Tom est venu au monde avec une insuffisance cardiaque qui le rend sans cesse souffreteux, sans cesse fatigué. Lorsque son coeur se met à dérailler, ses lèvres bleuissent et ses narines se pincent, tandis qu’il cherche désespérément à inspirer le plus d’air possible. Le problème, c’est qu’il ne s’en rend pas compte et pourrait glisser insidieusement dans un coma, voire mourir, si ses pilules ne lui sont pas administrées au plus vite. Dans toutes les poches de nos vestes, dans nos sacs, sur le guéridon de l’entrée, dans nos voitures, nous sommes assurés de trouver ses médicaments.

Comme vous pouvez le constater, il n’y a aucun changement majeur entre les deux, rien qui soit transformé. Pourtant, le second est plus fluide, il coule plus naturellement, et le rythme de lecture en est plus agréable.

Imaginez l’effet sur un roman entier…

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