Depuis qu’étant enfant j’ai découvert la seconde guerre mondiale et les événements qui s’y rapportent, mon cerveau n’a cessé de tenter cette tâche vaine de comprendre : pourquoi ? pourquoi ces atrocités. Comme beaucoup de gens, j’ai passé des heures et des heures à lire avidement la littérature traitant de cette période (romans ou essais), et visionner les films.

Je sais que je ne trouverai jamais de réponse satisfaisante, mais je continue.

J’ai lu cette semaine l’ouvrage d’un auteur suédois, Steve Sem-Sandberg, Les élus.

C’est un livre déroutant par sa forme, sans la linéarité d’un roman, mais sans être un documentaire non plus. Il alterne le récit fictionnel porté par des voix d’enfants, des témoignages d’adultes et des compte-rendus d’audiences de procès. Bien que les « personnages » principaux soient inventés, ils sont basés sur des personnages ayant existé, ainsi que sur les dossiers retrouvés après la guerre.

Le livre, situé à Vienne, au Spiegelgrund, un hôpital devenu centre de « tri » pour les enfants indésirables, nommés avec ironie « les élus » par l’administration nazie. S’y retrouvent pêle-mêle des gosses dont le seul tort est de ne pas correspondre à l’image de l’aryen parfait. Handicapés moteurs, handicapés mentaux, atteints de malformations, de cécité, de troubles du caractère, de séquelles de maladies, ou simples délinquants, les mômes attendent de savoir s’ils vont être euthanasiés. Victimes de malnutrition, de mauvais traitements, d’études médicales dignes de Mengele, ils subissent une vie injuste et absurde. Car, suprême ironie, en attendant l’injection fatale, les enfants étudient et travaillent, à la merci des humeurs des nazis.

Plus de 800 enfants seront assassinés, puis autopsiés, leurs restes conservés dans du formol, entre 1941 et 1945. Arrachés de force à leur famille, ou placés là par des parents trop confiants, c’est l’enfer sur terre qui les attend.

Sem-Sandberg traite avec maestria d’un sujet difficile, en plaçant la parole dans la bouche des petits, aussi bien dans la narration des faits bruts, sans pathos, que dans des envolées oniriques correspondant aux rêves et cauchemars des gosses. A leur façon, les enfants tentent de se trouver des havres de paix dans un monde qui les dépasse, de s’inventer des raisons d’espérer dans un univers d’une violence psychologique inouïe.

C’est un livre âpre, qui gratte l’âme comme un papier de verre, jusqu’à la laisser saignante de chagrin pour ces petits êtres sans défense qui  ne rentraient pas dans le moule exigé par un système démoniaque.

En vente ici

 

elus

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