Imaginez que Stephen King et Michael Crichton aient un fils spirituel, cela donnerait sans conteste Chuck Wendig. Je pense ne pas avoir autant apprécié un roman apocalyptique depuis Le Fléau.
Mais se contenter de comparer Les Somnambules à une oeuvre de King ne lui rendrait pas justice. Wendig a son style propre, sa façon d’avancer dans son roman (presque 1200 pages !) sans que l’on s’ennuie à aucun moment, sans tentation de sauter des passages, tant sa prose est riche.
Rythmée et passionnante, cette histoire de pandémie exterminatrice, écrite avant l’émergence du Covid trouve forcément des résonances dans la période actuelle.
Wendig se sert de son histoire pour égratigner avec férocité les aspects les moins reluisants des USA, depuis l’amour effréné des armes jusqu’aux milices suprématistes, en passant par les évangélistes manipulateurs. Il préfigure l’attaque du Capitole avec une clairvoyance qui fait froid dans le dos.
Chaque élément du roman est mis en balance avec les autres, dans une étude de l’âme humaine, de ses travers et de ses défauts, mais aussi de ce qui la rend belle. Les personnages, d’une profondeur rare, sont certes tous des archétypes de certaines catégories de personnes. Toutefois, archétype n’est pas synonyme de stéréotype. Chacun possède son histoire et ses raisons, chacun va réagir à sa façon, sans que l’auteur les juge.
Cela permet à Wendig de livrer un roman époustouflant de justesse et d’humanité, qui sonne comme une alerte.
Un énorme coup de coeur pour ma part.
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