Il y a quelques mois, je vous parlais de l’importance pour moi du livre Les mystères de Paris.

Un autre ouvrage a eu une influence décisive sur moi, dès ma petite enfance. Cette fois également, il s’agit d’un livre déniché à ma bibliothèque municipale. Ce qui souligne, si besoin était, la nécessité cruciale d’un accès facile et gratuit à la culture, partout, tout le temps.

Il s’agit de Little Nemo de Winsor McCay, dans une édition assez complète regroupant la plupart des planches parues dans les éditions dominicales du New-York Herald et du New-York American entre 1905 et 1914.

Dès la couverture, le ton est donné…

Alors, Little Nemo, c’est quoi ? C’est une bande dessinée relatant les aventures oniriques de Nemo, un petit garçon d’environ 6 ans (mon âge à ma première lecture). Chaque nuit, il part en rêve pour le royaume de Slumberland, peuplé de créatures étranges et il y vit des aventures extraordinaires. Il y rencontre le roi Morphée et sa fille la princesse, est aidé et/ou trahi par Flip, un drôle de bonhomme toujours un cigare à la bouche. Chaque planche se termine par une vignette de Nemo qui se réveille, souvent en tombant de son lit.

C’est difficile de décrire en mots l’incroyable richesse de cette bande dessinée. À la fois drôle et sombrissime, explorant le monde des rêves et leurs possibles significations psychanalytiques, elle est une porte ouverte vers tous les imaginaires, tous les possibles. Elle contient les graines de toutes les littératures modernes de l’imaginaire : fantastique, fantasy, heroic fantasy…

Plus on avance dans le livre et plus le propos est dur. Il y a des morts, des accidents, de la violence. Pour autant, cela reste accessible aux jeunes enfants (comme aux ados et adultes, d’ailleurs). Après tout, il en va de même pour les contes de fées ! La richesse des dessins, l’exubérance des couleurs, les détails qui fourmillent font que l’on peut se perdre des heures durant dans ce monde magique.

Je pense que j’ai bien dû l’emprunter à la bibliothèque 3 ou 4 fois par an pendant 10 ans. Jusqu’à ce que mes gains de baby-sitting me permettent de me l’offrir (il était assez onéreux). Ne cherchez pas à vous le procurer dans la même édition, il ne se trouve actuellement que d’occasion, à des prix faramineux ! (Mais d’autres éditions, moins complètes, sont disponibles).

J’étais une fillette assez introvertie et solitaire, avec déjà des bouts de phrases et d’histoires qui me trottaient dans la tête en permanence. Je ne me sentais pas en phase avec mes pairs et les livres ont toujours été un refuge, un exutoire, une protection contre un monde que je ne comprenais pas et pour lequel je n’avais pas les codes. Ce n’est probablement pas un hasard si Nemo et moi nous sommes trouvés et s’il m’a accompagnée toutes ces années. Mon exemplaire fait partie de mes plus précieuses possessions, même s’il a beaucoup beaucoup vécu.

Les années ont passé, le bonheur reste intact…

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